Climat : It’s now or never (Air connu)

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Le 24 mai, au Conseil central de l’économie, le centre d’étude Climact et le Bureau du plan ont présenté les résultats préliminaires de leur étude sur les coûts et les bénéfices d’une Belgique n’émettant (quasiment) plus de gaz à effet de serre en 2050. Les résultats viennent confirmer pour notre pays ce que de nombreuses études avaient déjà démontré au niveau international[[Rapport Stern de 2008 notamment : http://mudancasclimaticas.cptec.inpe.br/~rmclima/pdfs/destaques/sternreview_report_complete.pdf]]. Une Belgique « décarbonnée » en 2050 s’en sortirait mieux en termes d’emplois et en termes de développement économique qu’une Belgique dépendante aux énergies fossiles… A condition bien sûr de s’y mettre dès maintenant.

Une Belgique bas carbone serait plus robuste économiquement

A la demande de l’administration fédérale, Climact et le Bureau de plan ont repris leurs scénarios « Vers une Belgique bas carbone en 2050 » publiés en 2012 et les ont soumis à toute une batterie de tests en vue d’analyser leur impact sur notre économie. Ils ont utilisé pour ce faire des modèles macro-économiques intégrant de multiple variables du type de ceux utilisés par la Commission européenne pour faire ces projections au niveau européen (Modèle Hermes notamment).

Les conclusions vont à l’encontre de l’idée dominante. Les investissements nécessaires notamment dans le renouvelable, dans les transports ou pour rendre nos habitations neutres en énergie seraient plus que couverts par les économies faites dans l’achat de combustible. Il faut savoir qu’aujourd’hui, notre pays est dépendant à 94% de sources d’énergie importées, que ce soit le pétrole ou l’uranium. Cela coûte chaque année plus ou moins 18 milliards d’Euros aux belges. En 2050, notre production énergétique renouvelable pourrait mettre fin à cette dépendance, avec de substantielles économies à la clé…

En termes d’emplois également, la révolution bas carbone pourrait aboutir aux mêmes effets que les plans Marshall au lendemain de la guerre. Globalement, les chercheurs estiment qu’un gain net de 80.000 emplois à l’horizon 2030 est envisageable. Evidemment, certains secteurs s’en sortiront mieux que d’autres. Le secteur de l’énergie devrait perdre des emplois notamment avec la fermeture des infrastructures de raffinage pétrolier. C’est également le cas dans le transport ou beaucoup d’emplois liés à l’automobile devraient disparaître. Mais ces pertes seraient très largement contrebalancées par des nouveaux emplois dans les secteurs de la construction (nous devrons rénover et reconstruire notre bâti à marche forcée) et dans les services (car une économie bas carbone est également une économie dématérialisée où la richesse vient davantage des services rendus à la collectivité qu’à la production de produits)

Qu’attend-on ?

Se projeter à l’horizon 2050 est un exercice périlleux. Plus on se projette loin dans le futur, plus on se heurte à diverses inconnues : Quelles technologies seront disponibles en 2050, et quel sera le coût de leur développement ? Quels seront les impacts économiques de la crise environnementale que nous avons enclenchée, y compris les coûts liés à l’adaptation aux changements climatiques ? Voire même : Dans quel système socio-politique évoluera-t-on ? (L’Union européenne existera-t-elle encore en 2050?)

L’exercice, même s’il présente des limites inévitables, est absolument nécessaire si nous voulons vraiment résoudre la crise climatique. Une des principales difficultés à laquelle nous devons faire face est précisément l’incapacité des dirigeants politiques et économiques à se projeter dans le futur, la plupart des décisions étant aujourd’hui motivées par des intérêts à court terme.

Et le monde dans lequel nous vivrons en 2050 sera en grande partie déterminé par les décisions que nous prendrons dans les toutes prochaines années. Quelques exemples : un lotissement construit aujourd’hui à milles lieux d’une gare sera toujours là en 2050, et ses habitants seront dès lors toujours dépendants des moyens de transport individuels forcement impactant pour le climat et l’environnement. Autre exemple tiré de l’actualité politique : les projets d’autoroute au sud de Charleroi ou autour de Liège qui consolideraient la dépendance à l’automobile pour les décennies à venir. Sans parler du projet de centrale biomasse, peu efficace, et dépendante pour son approvisionnement de pellets non durables importés des USA (et, demain, de forêts tropicales ?). La durée de vie industrielle d’une telle centrale est de 30 ans, c’est-à-dire qu’elle tournerait sans doute au minimum jusqu’en 2051…

Le futur que l’on souhaite

Cette étude nous rappelle que face a la crise climatique, nous avons avons deux options. La première est la voie de l’inaction, du « business as usual » qui nous emmène à terme vers un cul de sac. L’autre est celle d’une véritable révolution structurelle de notre société. L’étude bas-carbone 2050 nous montre que cela ne veut certainement pas dire retourner « à l’âge des cavernes », bien au contraire ! Cette voie pourrait nous amener vers un futur prospère pour le pays et l’Europe… Let’s go, then !