Vers une agriculture autonome et durable ?

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Le secteur agricole wallon souffre et fait souffrir. Le nombre d’agriculteurs wallons a été divisé par 2,5 en 30 ans, en raison de profondes modifications des marchés des denrées produites et de leur mondialisation. Les pratiques agricoles s’éloignent de plus en plus du bon sens jadis associé à ceux qui vivent au contact de la terre. Une terre qui perd ses qualités, notamment sa structure et sa matière organique, quand elle ne disparait pas à proprement parler ! Sur la période 1996-2010, environ 40 % de la surface agricole était concernée par des pertes en sol supérieures à 5 tonnes par hectares et par an. La biodiversité n’est pas à la fête : l’indice des espèces agricoles se stabilise depuis 2005, à un niveau cependant inférieur de 30 % à l’effectif moyen de 1990.

L’essentiel de la production maraîchère wallonne concerne des légumes industriels, la surface sous serre est inférieure à 10 ha. L’essentiel des produits frais, à forte valeur ajoutée, sont importés. Les consommateurs sont pourtant de plus en plus soucieux d’acheter des denrées de qualité, produits localement. 40 groupes d’achats communs (GAC) étaient référencés en 2000 pour la Wallonie et Bruxelles. Il y en a aujourd’hui environ 220 dont 140 en Wallonie.

IEW recommande de soutenir la conversion des systèmes agricoles conventionnels vers des systèmes plus autonomes et durables, avant tout pour relocaliser l’économie, protéger les producteurs des chocs systémiques de celle-ci et leur permettre de garder la maîtrise de leurs marges et prix. Le travail en circuits courts permet plus de transparence quant aux pratiques de production et/ou de transformation et favorise ainsi les pratiques respectueuses de l’environnement et de la santé.

Analysons maintenant les réponses des partis politiques à la question que nous leur avons proposée :

Le parti souhaite-t-il augmenter la conversion des systèmes agricoles vers des systèmes autonomes et durables, notamment de l’agriculture bio ?

En très résumé :

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En détail (indispensable pour comprendre le résumé ci-dessus !)

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Citations du programme qui répondent à la question

L’alimentation est un facteur essentiel de la santé humaine : en juste quantité, en variété suffisante et de bonne qualité. Une production agricole minimisant les apports extérieurs, organisée à une échelle familiale et consommée à une distance raisonnable, est de nature à contribuer à une alimentation saine. C’est pourquoi le cdH défend (…) la poursuite du plan stratégique Bio, mis en place en Wallonie, en renforçant le développement de la filière de valorisation des produits de l’agriculture biologique (en activant les aides économiques prévues dans le 2 ème pilier PAC).
(…) le cdH propose d’encourager l’autosuffisance alimentaire de nos élevages au départ du plan de recherche en autonomie protéique, en proposant un plan stratégique « autonomie alimentaire des élevages » avec l’ensemble des acteurs et partenaires agricoles (recherche, formation, investissement, structuration, industrie).

Commentaire d’IEW

Le programme du CdH soutient la poursuite du plan stratégique Bio et l’autonomie de l’élevage. Le programme envisage également d’« Amplifier la politique de réduction de l’utilisation de pesticides et de biocides » sans toutefois citer l’agriculture. La durabilité de l’agriculture n’est pas envisagée eu égard à la biodiversité. Le programme prévoit également de valoriser les produits agricoles wallons de qualité.

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Citations du programme qui répondent à la question

(…) En Wallonie, elles (les mesures conditionnant les paiements) doivent notamment se focaliser sur les défis environnementaux les plus importants, dont la lutte contre l’érosion des sols et le maillage écologique.
Ecolo propose de créer une nouvelle aide couplée pour les légumineuses en cultures ou en prairies (l’augmentation du trèfle) dans un but de développement de la production et d’augmentation de l’autonomie en protéines végétales (…).
Il convient de soutenir les MAE permettant une approche systémique del’exploitation : plan d’action environnemental, faible charge en bétail ;
(…)
Les aides à l’investissement pour des reprises ou extensions de ferme doivent être conditionnées

 à un audit environnemental et énergétique de l’ensemble de l’exploitation ;

 à un plan de rentabilité économique basé sur la réduction des intrants (engrais, amendements divers) ;

 à la mise en place d’une transition pour aboutir à des pratiques agricoles biologiques ou d’agro-écologie ;

 à une étude financière réalisée avec un organisme indépendant sur la transmission du capital (terrain, machines, habitations, bétail etc.) entre le vendeur et l’acheteur.

Ecolo propose de fixer un objectif minimal de 20 % de terres cultivées
en bio en 2020. (…)

 
Commentaire d’IEW

Ecolo plaide pour des aides qui orientent l’agriculture wallonne et incitent les agriculteurs à adopter des pratiques durables. Concret en matière d’autonomie, le programme d’Ecolo soutient une aide couplée pour les légumineuses. Seul Ecolo plaide une utilisation des Surfaces d’Intérêt Écologique dans le cadre du verdissement qui se focalisent Les propositions du parti se complètent d’un renforcement des mesures agro-environnementales et d’une politique plus intégrée des aides à l’investissement en terme d’agroécologie.

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Citations du programme qui répondent à la question

Les FDF veulent encourager une réduction de l’utilisation des pesticides et proposent une taxe (20 euros par hectare) liée à la fréquence d’utilisation du produit devrait être envisagée tant pour les produits professionnels qu’amateurs. Son produit pourrait venir en soutien à l’agriculture biologique, ou encore, favoriser la biodiversité, Natura 2000.

Commentaire d’IEW

La proposition du FDF d’instaurer une taxe sur les pesticides contribuera à renforcer la durabilité des systèmes agricoles. L’affectation du produit de cette taxe à l’agriculture biologique ou Natura 2000 est un bon signal.

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Citations du programme qui répondent à la question

Définir, en concertation avec le secteur, les normes environnementales sur base d’une légitimité suffisante, de critères objectifs et en tenant compte de leur praticabilité sur le terrain (…)
Développer et encourager, au travers des mesures agrienvironnentales, des techniques culturales susceptibles de limiter l’assèchement et l’érosion des sols, de stocker du carbone dans les sols et de réduire les passages dans les champs (cultures dérobées, semis sans labour,…) ;
Optimiser la gestion des prairies pour favoriser le stockage du carbone en allongeant la saison des pâturages (…) et maintien d’une densité du bétail optimale en prairie en vue d’accroître la production d’herbe ;
Développer les productions animales sur base de races assurant le rapport « quantité de gaz à effet de serre produit/kg de produit animal produit » le plus faible comme c’est le cas pour le Blanc Bleu pour la viande ;
Encourager la production de bioénergie en veillant toutefois à ce que les surfaces agricoles productives soient utilisées en priorité pour produire des denrées alimentaires et des aliments pour animaux.
(…) Privilégier à outrance les filières spécialisées au détriment de la filière agroalimentaire classique pourrait, à long terme, mettre à mal la survie d’un secteur qui est un important moteur de l’activité économique wallonne et créateur de nombreux emplois. Il est primordial que les pouvoirs publics continuent, par les aides à l’installation par exemple, à soutenir le secteur agroalimentaire classique sans perpétuellement
revoir ses exigences à la hausse.
Le verdissement de la PAC et les législations en faveur de la protection de l’environnement entrainent sur toute l’Europe, une diminution des surfaces dédiées à la production agricole ou une diminution de leur production. Si les 7% de verdissement de la PAC annoncés ne représenteraient en valeur brute « que » 275.000 ha sur le territoire wallon, certaines exploitations agricoles verront une diminution de leur outil de travail de sorte qu’elles ne seront plus rentables même avec l’aide de subvention.


Commentaire d’IEW

La question de l’autonomie des exploitations agricoles est peu présente dans le programme du MR et la durabilité est envisagée essentiellement sous l’angle de l’efficience de production, laissant peu de place à la biodiversité.
Le parti considère que les filières spécialisées, notamment l’agriculture biologique, ne doivent pas être privilégiées « à outrance ».
Le programme du MR n’envisage pas le verdissement selon ses objectifs intrinsèques, environnementaux donc, mais sous l’angle d’une diminution des surfaces productives.

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Citations du programme qui répondent à la question

Le PS propose de (…) reconnaître le caractère d’utilité publique des activités agricoles et mieux informer la population sur celles-ci (…).
Encourager le développement de l’agriculture bio.
Implanter un dispositif de verdissement répondant aux objectifs environnementaux et climatiques sans alourdir les charges administratives.

Commentaire d’IEW

Renforcer l’autonomie des systèmes agricoles et leur durabilité n’apparaît pas comme un élément prioritaire du programme du PS. L’agriculture y est présentée à travers les rôles positifs qu’elle remplit sans relever que cette multifonctionnalité résulte de politiques publiques (normes environnementales, MAE, …).
Le PS propose cependant d’encourager le développement de l’agriculture bio et soutient le verdissement.

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Citations du programme qui répondent à la question

Néant

Commentaire d’IEW

Ce sujet n’apparait pas dans le programme du PTBGo…

Vous pouvez retrouver l’analyse par IEW de la prise en compte d’autres questions environnementales dans les programmes de partis soit en consultant les 9 autres articles de cette niews (vous bénéficierez dans ce cas d’une mise en contexte de la mesure), soit à partir du communiqué de presse disponible ici.

Lionel Delvaux

Anciennement: Nature & Ruralité