Actions locales pour la qualité de l’air : où sont les wallons ?

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La qualité de l’air est un sujet qui préoccupe de plus en plus les citoyens. Depuis le Dieselgate en 2015, ils prennent d’avantage conscience de l’importance de la qualité de l’air sur la santé. Les actions se multiplient et les politiques embrayent. Cependant, il y a de grandes disparités entre ce qui se passe à Bruxelles et en Flandres d’un côté, et en Wallonie de l’autre. Force est de constater que cette dernière est à la traîne. Alors, on fait quoi ?

A Bruxelles et en Flandres

A Bruxelles, les initiatives politiques, associatives et citoyennes relatives à la pollution de l’air foisonnent sous diverses formes. Bien que la problématique ne soit pas nouvelle, la société civile et les citoyens ont été particulièrement actifs au cours des derniers mois.

Parmi d’autres, la campagne « mon air, mon école » dirigée par Greenpeace. Pour rappel, Greenpeace – en collaboration avec La Ligue des familles, le BRAL (Brusselse raad voor het leefmilieu), l’école de santé publique de l’ULB et l’association flamande de santé respiratoire et de lutte contre la tuberculose (VRGT) – a publié en mars dernier une étude[[https://secured-static.greenpeace.org/belgium/Global/belgium/report/2018/SchoolMonitoring-CompleteReport-FR.pdf]] mettant en avant la qualité médiocre de l’air dans les écoles en Belgique. Très médiatisée, cette campagne a mené à la création du collectif « Filtre Café ». Chaque vendredi, des parents et enfants se mobilisent dans des écoles primaires à Bruxelles, Gand et Anvers. Ce petit monde bloque les rues des écoles de manière festive en plaidant pour une diminution du nombre de voitures dans les rues pour des raisons de santé. De telles initiatives semblent inspirer les responsables politiques du nord du pays puisque la ministre flamande de l’Enseignement, Hilde Crevits (CD&V), a lancé une campagne similaire près de Bruges. «Paraat voor de Schoolstraat» – traduit par « prêt pour la rue de l’école » – poursuit l’objectif de convaincre les autorités locales et les directions des écoles de fermer les rues aux heures d’ouverture et fermeture afin d’améliorer la qualité de l’air respiré par les enfants. Des tests sont prévus entre la mi-septembre et la mi-octobre dans plusieurs localités à proximité d’écoles en Flandres et à Bruxelles (enseignement flamand).

La mobilisation autour de la qualité de l’air s’étend au-delà des écoles. Depuis 2015, le collectif Bruxsel’air tente de sensibiliser les représentants politiques à la promotion d’une meilleure qualité de l’air au travers d’actions médiatiques telles que la pose de masques sur des statues. Dans un autre genre, les collectifs Influenc’air (Bruxelles) et Leuven’air (Louvain) tentent d’attirer l’attention sur la mauvaise qualité de l’air en mesurant et recensant les niveaux de pollution de l’air dans leurs villes. Dans cette démarche, ils organisent, entre autres, des sessions où ils apprennent aux participants à créer leurs propres capteurs de pollution atmosphérique. Dans la même lignée, les politiques sont aussi actifs en région Bruxelloise. Ainsi, le groupe Ecolo/Groen a mesuré la qualité de l’air dans 12 communes bruxelloises entre février et mars 2018 et ont mis en avant qu’un nombre important de points de mesures dépassait la limite européenne[[http://www.levif.be/actualite/belgique/la-pollution-de-l-air-a-bruxelles-est-une-realite-pas-une-fatalite/article-opinion-847833.html]].

La Ministre bruxelloise de l’environnement, Céline Frémault, a quant à elle récemment annoncé l’interdiction du diesel à Bruxelles en 2030[[https://www.rtbf.be/info/regions/detail_plus-de-vehicules-diesel-a-bruxelles-d-ici-2030-un-accord-en-ce-sens-au-gouvernement-bruxellois?id=9932823]]. Toutes ces initiatives citoyennes ou politiques démontrent une attention particulière grandissante en matière de qualité de l’air.

Et en Wallonie ?

Alors que les actions citoyennes foisonnent à Bruxelles et en Flandres, les initiatives wallonnes semblent être plus poussives. La qualité de l’air wallonne, si elle est globalement meilleure que dans les autres régions du pays, n’en demeure pas moins préoccupante, particulièrement en centre urbain. En attaquant la Wallonie en justice en mars dernier, Greenpeace a notamment mis en avant le fait que le réseau de mesures de qualité de l’air sur des territoires très urbanisés, tout en étant conforme au prescrit légal européen, était peu représentatif de l’exposition réelle des citoyens. Des mesures concrètes s’imposent.

Au niveau politique, bien que les choses bougent lentement, on peut souligner trois initiatives. D’une part, deux résolutions du Parlement de Wallonie : l’une relative au « développement d’une politique ambitieuse en matière de qualité de l’air en Wallonie », l’autre relative à « la mise en œuvre d’une politique wallonne du climat » dans laquelle il est également fait référence à la pollution de l’air induite par les transports. D’autre part un avant-projet de décret relatif à la lutte contre la pollution atmosphérique liée au trafic routier est en cours d’examen au sein du Gouvernement wallon.

On ne peut nier un intérêt politique assez important au niveau wallon, ne serait-ce qu’en se penchant sur les questions posées en commission environnement au Parlement Wallon ce lundi 18 juin[[http://nautilus.parlement-wallon.be/Archives/2017_2018/CRAC/crac161.pdf]].

Alors, pourquoi, alors qu’il semble y avoir un intérêt politique assez fort, les initiatives citoyennes wallonnes s n’égalent pas celles présentes dans les villes du nord du pays ? Un manque d’information? Une absence de publicité d’éventuelles démarches de sensibilisation ? Absence d’effet d’émulation autour de cette problématique ? Les citoyens sont probablement alertés ou alarmés par la chose, mais manquent aujourd’hui d’une action associatives et citoyennes coordonnées. Quoiqu’il en soit, il devient urgent d’activer des leviers qui permettent de débloquer cette situation.

Appel à l’action

Si elles semblent faire un pas dans la bonne direction, il importe que les autorités politiques s’emparent pleinement de cette problématique et concrétisent, notamment à l’aide d’instruments juridiques contraignants, les déclarations de bonnes intentions, certes louables, mais qui doivent se traduire dans des mesures concrètes destinées à protéger la santé de nos concitoyens.

De leur côté, les citoyens eux-mêmes peuvent aussi se mettre en action et entreprendre des actions pour sensibiliser la population mais aussi les prochains élus communaux à cette problématique.

Quelques exemples d’actions qui pourraient être menées :

Audrey Lebas

Anciennement: Mobilité