Futurs élus, faites sortir la planète de l’oubli !

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Déni ou simple calcul électoral ? Relégués à l’arrière-plan d’une campagne dominée par l’enjeu socio-économique, institutionnel ou la réforme fiscale, les changements climatiques s’apparentent pour de nombreux acteurs politiques au mieux, à un motif de préoccupation sectorielle et au pire, à un repoussoir dans l’isoloir. Quel contraste! Voici quelques années, l’ensemble de nos présidents, dans un élan quasi unanime, adhérait au pacte écologique de Nicolas Hulot, accueillait à bras ouverts le prix Nobel de la Paix Al Gore ou promettait de transformer ce défi planétaire en une priorité politique partagée à l’échelle nationale. Depuis, les crises financière, économique et budgétaire, l’échec du sommet de Copenhague sur le climat et les politiques d’austérité mises en place semblent avoir eu raison de cet enthousiasme.

L’ampleur de la crise climatique et les risques qu’elle fait peser sur la biosphère – dont les émissions de CO2 liées aux activités humaines sont le principal responsable – viennent pourtant d’être réaffirmées avec force, ces six derniers mois, par le Giec (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat). Dans la foulée, deux nouvelles études scientifiques américaines établissent que la fonte des grands glaciers de l’ouest de l’Antarctique s’accélère sous l’effet du réchauffement climatique. En d’autres mots, comme le soulignait il y a peu le vice-président américain John Kerry, la crise climatique est “une arme de destruction massive” qui représente le premier facteur d’insécurité à long terme sur le plan international.

Les citoyens ne se trompent pas lorsqu’on les interroge à ce sujet. Un nouveau baromètre européen nous apprend que les Belges considèrent les changements climatiques comme le deuxième problème le plus grave à résoudre au plan mondial, après l’enjeu conjoint de la pauvreté et de la faim dans le monde. Dans ce même sondage, 83 % des Belges reconnaissent que la lutte contre les changements climatiques et l’amélioration de l’efficacité énergétique sont susceptibles de dynamiser l’économie et de créer des dizaines de milliers d’emplois, comme l’ont démontré différentes études.

D’évidence, la gravité des changements climatiques et l’opportunité socio-économique de transformer notre modèle sont bien perçus par les citoyens. Ceux-ci attendent des pouvoirs publics qu’ils prennent leurs responsabilités afin de mettre en place des mesures ambitieuses susceptibles de s’engager dans la voie d’une transition énergétique et d’une diminution concommitante de notre dépendance aux énergies fossiles. De même, les Belges ne se trompent pas lorsqu’ils considèrent que l’Europe, l’Etat national et les Régions ont un rôle prépondérant ou important pour combattre les changements climatiques.

Nos futurs élus continueront-ils d’ignorer ces signaux très clairs ou adopteront-ils enfin des mesures ambitieuses pour contrer les effets irréversibles liés à une élévation moyenne des températures supérieure à 2° C ? Le mouvement environnemental, constitué d’ONG et d’associations qui rassemblent des centaines de milliers de sympathisants, attend des candidats et des futurs gouvernements qu’ils défendent le principe d’un nouveau pacte national pour le climat, susceptible d’accélérer la transition énergétique et de stimuler la création d’emplois de qualité non délocalisables.

Les structures pour coordonner une telle ambition climatique existent, mais la volonté politique a fait défaut ces quatre dernières années. Il est pourtant indispensable de répartir l’effort entre les Régions et le fédéral afin d’atteindre les objectifs européens auxquels la Belgique a souscrit en matière de réduction d’émissions de gaz à effet de serre, de production d’énergies renouvelables et d’efficacité énergétique. Au niveau international, ce blocage a affecté la crédibilité de la Belgique au sein des négociations climatiques car le doute subsiste sur le montant que la Belgique mettra à disposition des pays du Sud pour lutter contre les changements climatiques et s’y adapter.

La transition énergétique est une formidable occasion de stimuler une nouvelle économie au service de la société. Elle nécessitera des investissements considérables dans des politiques de rénovation et d’isolation de nos habitations, parmi les plus énergivores d’Europe, dans la chasse au gaspillage énergétique, dans le développement massif des énergies renouvelables ou dans l’essor d’un chemin de fer performant et adapté aux besoins quotidiens des usagers… Pour financer ces politiques, l’Etat fédéral devra s’appuyer sur une réforme fiscale englobant une composante environnementale forte qui permettra de dégager des marges supérieures à dix milliards annuellement.

Les réponses qui seront apportées à ce défi global impacteront notre bien-être à une échelle locale. Mesdames et Messieurs les candidats, à vous de faire sortir la planète de l’oubli en cette fin de campagne électorale. Et de faire advenir des engagements gouvernementaux porteurs d’une réelle ambition au bénéfice des générations futures.

An Descheemaeker, Bral
Michel Genet, Greenpeace
Jérome Matagne, IEB
Christophe Schoune, IEW
Damien Vincent, WWF
Arnaud Zacharie, CNCD

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