PS et cdH prônent la réduction des déplacements. Bravo !!!

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Réduire les besoins de déplacement est le meilleur angle d’attaque pour solutionner les questions posées par notre système actuel de mobilité. PS et Cdh l’ont bien compris, semble-t-il, car ce levier figure en première place dans la chapitre mobilité de leur programme. IEW s’est réjoui de voir une revendication portée de longue date inscrite à présent dans les programmes de partis. « Reste à » à décliner ce levier en mesures concrètes dans la Déclaration de Politique Régionale.

La mobilité n’est pas une fin en soi

Longtemps, les politiques publiques menées se sont trompées d’objectif. Au lieu de faciliter l’accessibilité aux biens et services, on a opté pour une amélioration de la mobilité… routière. Plutôt que de valoriser la proximité, on a glorifié la rapidité et la fluidité. Résultats : plus de routes, plus de voitures, de camions, plus de kilomètres parcourus en voiture, en camion, en bus, en train. Conséquences : les budgets pour l’entretien des routes explosent, les entreprises de transport public peinent à équilibrer leurs budgets, les centres-villes suffoquent, les accidents routiers restent une malédiction quotidienne, l’environnement souffre…

Et elle se doit d’être maîtrisée

Déjà en 1996 pourtant, l’OCDE avançait: « La réalisation de systèmes de transport durables impliquera sans doute des améliorations au niveau des véhicules, des carburants et des infrastructures d’une part et la réduction de la mobilité des personnes et de la circulation des marchandises d’autre part ».

En 2003, la Conférence européenne des Ministres des Transports (CEMT) considérait que « la gestion de la demande de transport apparaît comme une activité légitime et nécessaire des gouvernements, qui incombe notamment aux ministères des transports, mais aussi à ceux des finances, de l’économie, de l’environnement, ainsi que de la politique sociale et du développement. »[[CEMT, 2003 : Gérer les déterminants de la demande de transport, p. 142]].

En 2004, C’est le Conseil fédéral du développement durable (CFDD) qui estimait que la gestion de la demande « doit être à la base d’une stratégie de mobilité durable, avec l’objectif de maîtriser la demande de mobilité et de rationaliser les moyens de la satisfaire, en encourageant une régulation des besoins individuels »[[CFDD, 2004 : Avis cadre pour une mobilité compatible avec le développement durable, p. 28]].

Plus récemment enfin, en 2011, l’Agence européenne de l’environnement (AEE) soulignait que : « Les options techniques seules ne permettent pas d’atteindre l’objectif de la Commission européenne de 60 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre des transports en 2050. L’optimisation de la demande constituera un élément essentiel pour atteindre cet objectif »[[EEA, 2011 : Laying the foundations for greener transport]].

Si ces déclarations ne vous convainquent pas, lisez cet article, qui démontre pourquoi les évolutions technologiques ne parviendront pas à répondre au défi climatique et appuie l’absolue nécessité de maîtriser la demande de transport.

Mais comment faire ?

Les mesures doivent être activées au plus vite car elles mettront du temps à porter leurs fruits. C’est un changement culturel et de modèle sociétal qu’il faut à vrai dire initier. Rien que ça ! L’ampleur de la tâche est énorme mais les retombées positives le sont tout autant. Alors pour éviter la révolution, qui fait toujours des victimes, il faut entamer dès à présent la transition.

Première étape : définir, en tenant compte des avancées technologiques probables, mais sans surestimer leur potentiel, un volume de transport (personnes et marchandises) à long terme (2050) qui puisse être réalisé de manière durable. Ensuite, construire un programme de travail, incluant des objectifs intermédiaires, pour atteindre l’objectif long terme. Enfin, utiliser les différents outils dont disposent les pouvoirs publics pour réaliser progressivement ces objectifs, à savoir des outils de planification (1), de normalisation et réglementation (2), de fiscalité (3) et de sensibilisation (4).

Quelques mesures concrètes à insérer dans la Déclaration de Politique Régionale 2014-2019

 Adopter le nouveau SDER (1) ;

 Encourager les communes à réaliser des plans de mobilité durable (PCM) et à les mettre en œuvre dans toutes leurs dimensions (1) ;

 Mettre un terme au développement des infrastructures aériennes (1) ;

 Mettre un terme au développement des infrastructures routières (hors aménagements de sécurisation) (1) ;

 Développer des parkings de covoiturage, sur base d’enquêtes auprès de la population (1) ;

 Mettre un terme à l’urbanisation des campagnes (habitations et zones d’activités économiques, notamment en adoptant des critères stricts d’accès à la voie d’eau ou au rail pour l’implantation de celles-ci) et favoriser les projets d’aménagement du territoire s’inscrivant dans une logique de densification et de multifonctionnalité (1) et (2) ;

 Prendre en compte le profil d’accessibilité (A-B-C) pour tout nouveau projet afin de convenir de son implantation la plus judicieuse (2) ;

 En cas de pic de pollution, appliquer une circulation alternée (sur base, par exemple, des plaques minéralogiques) (2) ;

 Prévoir un plafonnement du nombre de vols (et une limitation drastique des vols de nuit) (2) ;

 Rendre obligatoire l’élaboration et la mise en œuvre e Plan de Déplacement d’Entreprise pour toute entreprise de plus 100 personnes (2) ;

 Modifier la taxe de mise en circulation (TMC) sur base de critères environnementaux et augmenter son niveau moyen pour en faire un véritable outil de pilotage public des comportements d’achat en matière de voitures neuves (3) ;

 Appliquer une taxation des poids lourds au kilomètre parcouru en tirant profit au maximum des opportunités offertes par la Directive Eurovignette (tarifs variables en fonction de la classe d’émission, prise en compte de la congestion, …) (3) ;

 Maintenir (et en accroître les moyens) les crédits d’impulsion cyclo-piétons pour la mise en œuvre effective des plans communaux de mobilité (PCM) (3) ;

 Soutenir (aides financières) le développement des centres de télétravail à proximité des nœuds de transport en commun (3) ;

 Introduire la portabilité des droits d’enregistrement (3) ;

 Promouvoir les produits et les loisirs locaux (4)

 Favoriser la voiture autrement (carsharing, co-voiturage, autostop organisé) en officialisant les pratiques, en les reconnaissant et en proposant des projets d’exemplarité aux services publics

Pour votre information, messieurs les négociateurs, aucun copyright n’a été déposé, alors surtout, servez-vous !

Juliette Walckiers

Anciennement: Mobilité